PRÊTRE, UN HOMME ORDINAIRE POUR UNE MISSION EXTRAORDINAIRE

Publié le par Roland JACQUES

En ce mois de mai, mois de Marie, j'avais envie de partager avec le lecteur une petite méditation sur Ses fils préférés, les prêtres. 

Être prêtre, c'est avoir accepté de mettre sa vie d'homme tout à fait ordinaire au service d'une mission extraordinaire. Les vocations baissent en France. Pas plus tard que samedi dernier, sur une chaîne nationale, il y avait une émission consacrée aux "femmes de prêtres". Le grand débat a été réouvert, à l'antenne, sur le célibat des prêtres. Avant tout, je crois qu'il est important de ne pas s'emballer sur cette question et de croire que le mariage des prêtres ou l'ordination des hommes mariés va résoudra la crise des vocations. Ce serait totalement faux. 

Qu'est ce donc que d'être prêtre, de choisir de devenir prêtre ? À quoi s'engage-t-on ? En première ligne, quand on discerne le projet de devenir prêtre, on ne regarde pas si le célibat est possible. Il y a mille et un autres facteurs avant cela. Bien entendu, la question de la chasteté est mise dans la balance mais dès le début.

Avant tout, on discerne l'appel reçu du Seigneur. Suis-je fait pour devenir prêtre ? Quel est mon appel ? Qui suis-je et que puis-je faire pour mes frères et soeurs si un jour je suis revêtu de la dignité sacerdotale ?  

Le prêtre est avant tout celui qui va accompagner une communauté paroissiale, une communauté religieuse ou un service apostolique. Il a charge d'enseigner la Parole de Dieu, de guider les fidèles vers le Seigneur. Le prêtre est envoyé pour "aller par les nations et annoncer la Bonne Nouvelle" tel que le Christ l'a commandé Lui-même. Il a envoyé les apôtres en premiers puis les apôtres ont eu leurs successeurs, les évêques, lesquels ont ensuite choisi des hommes pour les aider dans la mission d'annonce de la Bonne Nouvelle. 

Le prêtre peut nous faire vivre les deux sacrement les plus importants (à mon sens) de la vie du chrétien : l'Eucharistie et le sacrement de réconciliation. Ces deux sacrements n'ont pas été "inventés" par des hommes mais institués par JÉSUS LUI-MÊME !

D'abord, l'Eucharistie, cette rencontre avec le Seigneur. La messe ne doit pas être une obligation ou une corvée mais une magnifique rencontre entre nous et le Christ. Dans les pauvres petites mains du prêtres, Jésus descend à nous. Quelle grâce pour un prêtre de pouvoir dire la messe chaque jour qu'il soit seul ou qu'il y ait des fidèles avec lui. Un prêtre aîné (il a dépassé les 90 ans) que je vois célébrer de temps à autres me bouleverse à chaque fois. Il a dans ses yeux un je-ne-sais-quoi qui est émouvant quand il célèbre la messe. Un jour, je partageais cela avec lui et il me dit avec une petite larme au coin de l'oeil : "Ah, mon ami, si vous saviez la joie que j'ai de pouvoir dire la messe tous les jours. À chaque fois la joie est plus intense, plus forte. C'est comme si je célébrais ma toute première messe à chaque fois." Ce prêtre qui a maintenant 65 ans de sacerdoce a célébré près de 25 000 fois la Sainte Messe et il ne s'en lasse pas. Mon Dieu que c'est beau, Seigneur, Tu as bien choisi ton disciple en cet homme-là.

La deuxième chose que fait le prêtre est de nous aider à entrer dans le mode PARDON avec le Père. Ce n'est pas la "confession" telle qu'elle était faite il y a 500 ans, c'est un acte d'Amour, de Confiance, un acte de repentance et c'est au travers du prêtre que se fait cet acte primordial dans la vie du chrétien. Tout le monde passe par là, le Pape lui-mêmese confesse régulièrement. Dans le passé, la confession était un moment que personne n'aimait parce que nous le prenions pour un moment pénible, avec une punition au bout mais nous devions le faire pour ne pas aller en enfer !!! Depuis, les mentalités ont changées et le vrai sens du sacrement du Pardon est venu dans le coeur des hommes. Dieu ne nous charge pas d'une punition mais au contraire, Il nous libère d'un poids, Il nous débarrasse du boulet qu'est le péché et qui nous empêchait d'avancer à marcher vers Lui dans la joie. C'est comme cela que Jésus a envoyé ses apôtres vers le peuple de Dieu, pour libérer et non pour emprisonner, pour aider et non pour charger de corvées. Le prêtre, IN PERSONA CHRISTI CAPITIS (dans la personne du Christ Tête) nous pardonne. Quand le prêtre nous pardonne nos péchés, le Christ Lui-même, Souverain prêtre qui exerce le Vrai Sacerdoce, agit et nous pardonne nos péchés.

Il y a de moins en moins de prêtres parce qu'il faut beaucoup de courage pour être prêtre, il y a moins de prêtres parce que la charge est dure. Il y a moins de prêtres parce qu'un homme qui reçoit le sacrement de l'ordre, accepte de TOUT abandonner, de TOUT donner pour TOUT recevoir. Le prêtre se vide de LUI-MÊME pour qu'il puisse être rempli de JÉSUS.

Il y a moins de prêtres mais c'est une situation temporaire. Je le sais, je n'ai aucun doute là-dessus. Ils seront nombreux, les hommes jeunes ou moins jeunes qui un jour oseront le grand OUI SEIGNEUR, ME VOICI, ENVOIE-MOI. Le Christ appelle sans cesse et nombreuses seront les réponses à cet appel.

LE SEIGNEUR A BESOIN DE NOUS POUR CELA. QUE FAIRE ?

D'abord, il faut prier sans cesse pour nos prêtres et pour les séminaristes. Il faut prier pour nos prêtres en paroisse mais aussi pour les prêtres qui souffrent, ceux qui ne croient plus, ceux qui sont seuls, abandonnés et qui désespèrent. 

Il faut accueillir les prêtres dans nos maisons, dans nos familles, dans nos communautés. Il faut savoir les écouter, rire avec eux et aussi quand cela est nécessaire, pleurer avec eux. Il ne faut pas les laisser seuls. Je suis passé dans 3 presbytères ces dernières années et j'ai été surpris de voir que les prêtres n'ont pratiquement plus personne pour les aider dans les tâches ménagères, ménage, repassage, cuisine. Ils sont sur leurs jambes 18 h par jour et pourtant quand ils arrêtent ils ont une cuisine vide, sans même un bon pot-au-feu qui mijote et leur souhaite la bienvenue. Pour le ménage, il faut payer des femmes de ménage maintenant !!! Il ne s'agit pas tant de les "servir" en tant que tel mais de leur offrir un peu de chaleur familiale, de leur montrer qu'ils ne sont pas seuls, de leur offrir une qualité de vie convenable. 

Il faut aider nos prêtres dans les paroisses, leur permettre d'exercer son ministère, d'aller vers les plus pauvres et les malades, vers ceux qui souffrent et qui sont seuls. Pour ce faire, nous devons alléger leurs emplois du temps. Aidons les prêtres dans leur mission sans vouloir nous substituer à eux. Ne chargeons pas les agendas de réunions inutiles et ennuyeuses ! Il y a une épidémie dans toutes les paroisses que je connais d'une maladie grave : LA RÉUNIONNITE !!! Au lieu d'une réunion chaque soir (c'est la réalité) pourquoi ne pas laisser les prêtres aller voir un match de foot avec des copains ? Pourquoi ne pas le laisser aller passer une soirée en famille autour d'une bonne table, pourquoi ne pas les inviter à aller au ciné voir une bonne comédie ou au resto pour un bon repas convivial ?

Et enfin, accueillons les prêtres aînés à venir vivre chez nous quand ils sont en bout de course, quand l'évêque leur accorde ENFIN la retraite ... à 80 ans ! Ne les mettons pas dans des maisons de retraite où les visites deviendront de plus en plus rares pour finalement cesser ! Un prêtre qui a donné 50, 60 ou 65 ans de sa vie au service des paroisses mérite bien que l'on s'occupe de lui pendant les années qui lui restent. Je connais 4 cas de prêtres qui ont été accueillis comme le "pépé" de la maison et c'est génial. Il devient un membre à part entière de la famille et connaît la joie de vivre en famille et d'être dorloté et chouchouté. IL LE MÉRITE BIEN !

Je parlais avec des amis séminaristes et dans leurs inquiétudes, il y avait celle-ci : "quand je serai vieux, sans enfants, qui s'occupera de moi ?" Ce n'est pas la question du célibat qui tuent les vocations sacerdotales mais la peur de la solitude. Quand on sert toute la journée, on a besoin de parler avec quelqu'un quand vient le soir. Les prêtres sont, ne l'oublions pas, des hommes ordinaires, qui ont les mêmes souffrance que n'importe qui. Ils ont des soucis, des peurs, des angoisses, la souffrance de la solitude et ils ont besoin d'aide et de réconfort, ils ont besoin de regarder un bon film à la télé et de pouvoir entendre rire d'autres gens, de partager ses joies. La mission extraordinaire qui leur est confiée par l'évêque ne doit pas faire oublier qu'ils sont des hommes comme les autres.

Et finalement, pour terminer cet article, une dernière recommandation : AIMONS NOS PRÊTRES même ceux que nous ne pouvons pas supporter, ceux que nous trouvons cons ou pas sympas. ILS SONT PRÊTRE DE JÉSUS CHRIST POUR L'ÉTERNITÉ. Il ne faut jamais oublier cela.

Ici, à la Fraternité, nous avons toujours une chambre toute prête pour les prêtres de passage. L'un deux m'a dit un jour : "J'aime venir à la Fraternité ne fusse que pour quelques heures parce qu'ici JE ME SENS INFINIMENT AIMÉ et j'ai besoin de cela pour exercer mon ministère."

Bonne et sainte journée à tous.


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